Éclosion de la Paix au Liptako-Gourma

L'Impact Transformateur des Initiatives Locales Soutenues par Mercy Corps

A room full of people sitting at tables listening to a presentation.
Formation des leaders éleveurs et agriculteurs sur la législation en matière de gestion des ressources naturelles au Niger
26 Juillet 2024

Il est important de souligner que la région du Liptako fait face depuis plusieurs années à une situation sécuritaire préoccupante, marquée par les incursions des groupes armés non étatiques, englobant des attaques contre les forces de défense et de sécurité ainsi que des actes atroces envers les civils. Cette escalade de violence dans la zone frontalière entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali est exacerbée par des défis conflictuels préexistants liés aux castes, au partage des ressources, à la transition démocratique et à la décentralisation.

Dans le but d’assurer la durabilité et l'appropriation de ses actions en faveur d'une paix durable et d'une gestion non violente des conflits dans la zone des trois frontières, Mercy Corps via son programme AILP, encourage activement la responsabilisation des organisations de la société civile locales.

Two people using a grain mill,
Un participant ayant bénéficié d’un appui en moulin pour une activité génératrice de revenus.

(OCB), couvrant cinq thématiques clés dans les trois pays : les ressources naturelles, l'inclusion et la réinsertion des individus ou groupes marginalisés, la gouvernance locale, la compréhension des conflits et des possibilités de paix, ainsi que l'amélioration de la confiance et des interactions pacifiques.

Cette approche axée sur la localisation renforce la responsabilité des organisations de la société civile et les autres acteurs (leaders communautaires et structures locales de prévention et gestion de conflits) de manière plus efficace pour mener à bien des projets communautaires conformément à leurs missions. De manière pratique, elle repose sur l’innovation et la vulgarisation des pratiques traditionnelles locales de renforcement de la cohésion sociale telles que la parenté à plaisanterie, le « Habanayé », les « Foyandi » entre femmes hôtes et déplacées internes, les « Fadas » des jeunes, les Clubs d’Ecoute et de Développement etc. Témoignant de cette approche, M. Ahamed, membre d'une OSC participante, exprime sa satisfaction en ces termes : « Je suis vraiment satisfait du processus mis en place par Mercy Corps et du renforcement continu de nos capacités en vue d'une mise en œuvre plus efficace de nos activités. Mercy Corps est la première ONG à instaurer un tel système de coaching continu ». Il convient de noter également que la collaboration avec les Organisations Communautaires de Base (basées au sein des communautés) a été une meilleure alternative dans les zones d’opérations militaires au niveau desquelles l’accès humanitaire devient de plus en plus un véritable défi alors que les besoins humanitaires se posent avec acquitté. Elle a permis à Mercy Corps et à ses partenaires OSCs d’être les seuls acteurs à continuer à apporter de l’aide aux populations locales dans certaines zones pendant que tous les autres partenaires se retirent du fait de la restriction des mouvements.

Concernant la participation des femmes et des jeunes aux actions de consolidation de la paix, Mercy Corps en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix (UNPBF), a mené une évaluation des besoins au Niger, au Burkina Faso et au Mali. Les résultats ont souligné une faible implication de ces groupes dans les cadres locaux de concertation sur les questions de prévention et de gestion des conflits, ainsi qu'un manque de ressources pour les organisations des femmes et des jeunes. Afin d'y remédier, Mercy Corps met en place une stratégie visant à impliquer activement les jeunes et les femmes dans l'identification des organisations bénéficiaires, ainsi que dans leur formation, garantissant ainsi une participation active et la prise en compte de leurs besoins spécifiques dans la mise en œuvre des actions en faveur de la paix et de la gestion non violente des conflits dans la région du Liptako.

De manière globale, les initiatives réalisées à travers les microprojets, ont touché plus de 20 000 personnes au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Parmi ces projets figurent la création d'espaces de dialogues inclusifs, le développement d'activités génératrices de revenus, le renforcement des capacités des organisations communautaires de base, l'organisation de campagnes d'information et de sensibilisation à travers les Radios communautaires, l’amélioration de l’accès à l’eau (curage des puits pastoraux), ainsi que d'événements culturels et sportifs.

La mise en œuvre de ces microprojets par les organisations locales a favorisé le rapprochement entre les autorités administratives et coutumières locales et les communautés, comme en témoigne le Maire de la Commune de Bourem dans la région de Gao (Mali) : « Nos remerciements à Mercy Corps et au Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix (UNPBF) pour les efforts consentis à travers la responsabilisation des OSC dans la mise en œuvre des activités de paix et l'implication des autorités. L'initiative nous a permis d'être plus proches de nos communautés. »

La gestion des conflits par le noyau de compétence créé à travers les organisations de la société civiles a eu des résultats concrets dans tous les 3 pays. A titre illustratif, on note au Burkina Faso la prévention de deux cas de conflit lié à l’accès aux ressources naturelles partagées entre populations hôtes et déplacées internes (IDPs) dans la localité de Séguénéga à la suite des formations initiées par l’organisation de la société civile Association Aidons l’Afrique Ensemble (AAAE). Ainsi que la résolution d’un conflit, vieux de plus de 5 ans entre deux ménages autour d’un champ à l’occasion de la journée de parenté à plaisanterie « Daakiré » organisée par le Consortium Association pour le Développement Rural Intégré et Durable et l’Association Beoogo Viim Yondo (ADRID/ABVY) dans la localité de Namissiguima. Au Niger l’intervention des Commissions Foncières de Base (COFOB) a permis de régler de manière pacifique, une dizaine de conflits dans la zone d’intervention (Say, Ayorou, Abala et Tamou). Au Mali ces actions ont, également, contribué à la pacification des relations entre populations hôtes et déplacées et favorisé l’organisation d’activités communautaires conjointes entre ces deux communautés.

Enfin, les défis liés à la mise en œuvre du programme AILP, restent et demeurent la réalisation des initiatives transfrontalières de renforcement de la coexistence pacifique et le réseautage des organisations de la société civile des 3 pays. En effet, la localisation géographique des communes d’intervention et la récurrence des incursions des Groupes Armés Non Etatiques (GANEs) avec comme corollaire, l’intensification des opérations militaires n’ont pas favorisé une véritable coopération transfrontalière entre les différents acteurs.